Les prix des céréales sont presque stables mais le tourteau de soja décolle
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Les cours du blé et du maïs ont peu évolué depuis la semaine dernière, tiraillés entre la morosité de la demande mondiale, les tensions géopolitiques en mer Noire et le retard des semis de blé tendre en France. Le tourteau de soja voit son prix grimper, conséquence des achats chinois assez dynamiques.
Blé : les cours évoluent peu
Le prix du blé tendre rendu Rouen termine la semaine à 227 €/t (échéance d'octobre-décembre), soit un effritement de seulement 1 €/t sur une semaine. Le blé tendre rendu La Pallice a suivi la même tendance, pour finir à 227,5 €/t. Les cours cherchent une direction, fluctuants au gré de l’actualité. Du côté des éléments baissiers, la demande mondiale semble toujours timide avec des exportations ralenties au départ des États-Unis et de l’Union européenne. Elles subissent la concurrence de la Russie, bien que les exportations russes montrent un net ralentissement sur la première semaine de novembre.
Cette situation est habituelle à cette époque de l’année et fait suite à un mois d’octobre record. Néanmoins, ce ralentissement témoigne d’une demande mondiale à la peine tandis que le département de l’Agriculture des États-Unis (USDA) a revu à la hausse sa prévision de stocks mondiaux de blé. L’origine russe reste à ce jour la plus compétitive avec 222,5 $/t Fob Novorossiysk (à 11,5 % de protéines), contre 251 $/t Fob Rouen. En Russie, les semis de blé d’hiver se sont déroulés sans accrocs avec des parcelles dans de bonnes conditions à ce stade. Enfin, les cours du blé subissent aussi la pression de ceux du maïs américain.
Du côté des éléments haussiers, la Bourse de Rosario a revu à la baisse son estimation de production de blé en Argentine à 13,5 millions de tonnes. Le retour des pluies en octobre a été trop tardif pour envisager une amélioration de la situation alors que la récolte a déjà commencé. En mer Noire, le corridor maritime ukrainien montre des difficultés. En effet, une récente frappe russe a ciblé un bateau de marchandises naviguant sous pavillon du Liberia. Les semis de blé tendre sont toujours ralentis par les pluies en France avec seulement 67 % d’avancement au 6 novembre 2023, contre 91 % à la même date. Cette campagne de semis n’est pas sans rappeler celle de la récolte de 2020 qui avait vu la surface française de blé diminuer de 15 %.
Maïs : les prix restent proches des 200 €/t
Le prix du maïs Fob Bordeaux augmente seulement de 1 €/t sur une semaine, pour atteindre 199,5 €/t (base : juillet). Le maïs Fob Rhin perd quant à lui 4,5 €/t, pour s’afficher à 206 €/t. Les maïs français restent compétitifs par rapport aux autres origines. Les prix sont tiraillés entre éléments haussiers et baissiers. D’une part, les prix sont sous la pression d’une bonne récolte française qui touche à sa fin malgré les pluies.
Dans le même temps, le ministère américain de l’Agriculture (USDA) a revu à la hausse son estimation de récolte américaine au niveau record de 387 millions de tonnes. L’USDA a également revu en forte hausse sa prévision des stocks mondiaux. Enfin, le Brésil continue d’alimenter le marché mondial, et notamment chinois. Ces éléments ont été contrebalancés plus tôt dans la semaine par des tensions géopolitiques en mer Noire (voir la partie relative au blé) qui perturbent le bon fonctionnement du corridor maritime ukrainien. Or, l’Ukraine est un acteur important du marché mondial du maïs.
Net renchérissement des prix du tourteau de soja
Les cours du tourteau de soja à Chicago étaient en hausse assez marquée cette semaine, gagnant 27 $/t sur l’échéance de décembre sur le marché à terme. Les cours ont été tirés vers le haut par des achats dynamiques de soja américain, mais aussi par les risques climatiques persistants au Brésil. La demande à l’exportation du soja américain est assez soutenue, en particulier vers l’Asie (Chine en tête).
Cette semaine, l’empire du Milieu a acheté 1,7 million de tonnes de soja américain, ce qui représente un volume hebdomadaire assez élevé. La hausse des prix a toutefois été tempérée par la révision en hausse des rendements du soja américain dans le dernier rapport de l’USDA paru cette semaine. Par ailleurs, les récoltes aux États-Unis sont presque terminées, avec 97 % des champs récoltés au 5 novembre.
D’autre part, au Brésil, les semis de soja accusent un retard important. Seulement 48,4 % des surfaces ont été semées jusqu’à la semaine dernière, contre 57,5 % l’an dernier à la même période (selon la Conab). Le pays continue de souffrir d’un déficit hydrique, notamment dans le nord du pays où des pluies irrégulières et des températures élevées ont interrompu les semis dans certaines zones. Dans le sud du pays, ce sont les précipitations excessives qui retardent les semis de soja. Les craintes autour du phénomène El Niño s’intensifient également, car cela pourrait entraîner un manque des précipitations pendant les mois clés de décembre et janvier. Cette inquiétude contribue au maintien d’une prime de risque sur les prix de Chicago. À Montoir, les prix du tourteau de soja suivent ceux de Chicago, en augmentent de 11 €/t sur la semaine, à 538 €/t.
Baisse des prix du colza
Cette semaine, les prix du colza reculent sur le marché français. Le prix rendu Rouen perd 1 €/t, tandis que le cours du colza Fob Moselle baisse de 6 €/t. Les cotations sur Euronext perdent quant à eux 3 €/t, à 432,5 €/t sur l’échéance février. La baisse du cours du colza s’explique en partie par le recul de celui du pétrole. Sur la semaine, le cours de l’or noir a reculé de 6 % (en qualité brent), de nouveau sous la pression d’une demande mondiale incertaine, notamment en Chine.
De plus, la correction à la baisse du prix du canola a entraîné dans son sillage ceux de la graine de colza. Le prix du canola a chuté cette semaine en raison l’avancée de la récolte de canola en Australie. Enfin, les prix du colza ont également subi une pression baissière en réponse à la dépréciation des prix de l’huile de palme. Cela est dû à une faible demande mondiale en cette huile en plus des perspectives d’une hausse de la production malaisienne entre septembre et octobre.
À suivre : conditions des semis de blé, orge et colza en Europe et mer Noire, évolution des récoltes en Australie et en Argentine (céréales, colza), conditions climatiques au Brésil pour le soja, situation géopolitique en mer Noire, prix du pétrole, conjoncture économique mondiale.
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